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Retour sur la conférence de clôture « Multiplier l’impact collectif par la culture du hacking »

Sylvain Carle baigne dans le domaine des technologies émergentes depuis une vingtaine d’années. Il a passé la plus grande partie de sa carrière comme entrepreneur de jeunes entreprises à la confluence des médias, de la technologie et des réseaux. Aimant se définir comme un nerd socialiste et pragmatique, il croit que la technologie est un moyen de changer le monde et aime investir dans des idées et des gens capables de transformer les industries. Avant de se joindre à Real Ventures, en 2014, Sylvain était directeur de la technologie et cofondateur de Messagia, d’Interstructure, de Praized et de Needium.

Au terme d’une journée riche en présentations et ateliers inspirants, Sylvain Carle avait le mandat de prononcer la conférence de clôture. Et c’est sans présentation à l’écran (souvent trop présents à ses yeux) qu’il s’est adressé à tous ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, ont choisi d’entreprendre un projet à impact social. D’entrée de jeu, il a tenu à le souligner : innover, ce n’est pas facile. Car ça demande d’entreprendre ce qui n’a jamais été réalisé auparavant. Donc, on ne sait pas d’avance comment le faire, on risque de rencontrer de la résistance en cours de route, et on ignore au final si ça va tenir debout.

Sylvain Carle se définit comme un spécialiste en innovation, en entrepreneuriat et en numérique. Autrement dit, les trois éléments clés de toute « startup ». Or, si on souhaite avoir un impact social, un impact durable, il faut d’abord définir ses intentions et ensuite les moyens pour y parvenir. On doit donc savoir ce que l’on veut accomplir, le comprendre et ensuite le faire comprendre pour rallier les volontés et obtenir la collaboration nécessaire. Voilà pour les intentions.

Maintenant les moyens. Et c’est ici que la culture des hackers peut servir de modèle, selon Sylvain Carle — les hackers étant entendus comme des personnes qui manifestent un souci maniaque du détail dans leur quête de comprendre intimement le fonctionnement de systèmes complexes. Ce sont des personnes qui carburent aux défis intellectuels, explique-t-il, allumées par le désir de surmonter des obstacles que d’autres croient infranchissables. Encore aujourd’hui, ils sont animés par un esprit qui prévalait au tout début d’Internet, malgré la mauvaise presse que génère la poignée de ceux qui portent le chapeau noir en œuvrant dans l’illégalité.

Les qualités de leurs défauts

D’une part, les hackers présentent souvent des traits de caractère obsessifs. Qualité essentielle pour entreprendre ce qui n’a jamais été fait. Car il faut être patient et avoir la tête dure, résume Sylvain Carle. D’autre part, ce sont des experts de la méthode agile (qui découle de la méthodologie scientifique), qui progressent donc par itération. Ils formulent des hypothèses, qu’ils testent ensuite pour en mesurer les résultats, puis ils valident, ou pas, la pertinence de leur démarche. Ils avancent donc par essais et erreurs, mais rapidement.

C’est une approche radicalement différente du modèle d’affaires classique qui, lui, détaille sur des pages et des pages les étapes d’une démarche imaginée de toutes pièces derrière des portes closes. Au contraire, il faut « sortir du building », conseille Sylvain Carle, et discuter de son idée au grand jour, la faire connaître pour en débattre et ainsi profiter de l’intelligence collective.

D’autre part, la méthode agile exige d’agir rapidement. De faire littéralement des sprints en se fixant des objectifs à très courts termes (1 à 4 semaines) et d’en mesurer les résultats. Puis, de s’ajuster, de manière itérative. Ce qui permet d’identifier ses faiblesses et d’aller d’objectif stratégique en objectif stratégique pour, chaque fois qu’il est nécessaire, corriger le tir.

Cela dit, il demeure tout aussi important de garder le cap. De se fixer des objectifs à plus long terme. Appelons-les des « chapitres », lesquels visent un horizon de 3 mois. Dans le jargon, ce sont des Objectives Key Results (OKR). Ils servent non seulement à déterminer les cibles à atteindre, mais aussi les manières d’en mesurer les résultats. Or, l’élaboration ces outils de mesure possède, en retour, la vertu d’aider à mieux définir ces mêmes objectifs, et aussi de les rendre clairs pour tous les membres de l’équipe. Ce qui contribue à optimiser la dynamique de groupe.

Le nerf de la guerre…

Les « startups », pour le définir succinctement, c’est de l’argent au service des hackers qui avancent, donc, par hypothèse et validation. Par itération. Or, ironise Sylvain Carle, parler d’argent au Québec, c’est encore tabou. Sauf qu’il est facile de résoudre cette difficulté en statuant, tout simplement, que l’argent n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Et tout à coup, parler d’argent devient socialement acceptable.

L’autre tabou : l’ambition. Encore là, c’est un trait de caractère qui est mal vu. Problème résolu dès que l’on combine l’ambition avec l’humilité. C’est même essentiel pour un dirigeant, car il faut de l’humilité pour essuyer les inévitables revers qui surviennent lorsque l’on entreprend des projets inédits.

Le capitalisme conscient

À titre de hacker, Sylvain Carle ne s’est jamais vu comme un homme de finances, jusqu’à ce qu’il réalise que, au fond, l’économie n’est qu’un système comme un autre. Et que l’argent ne sert que de levier. Mais que c’est tout un levier ! Surtout si on l’utilise dans le but d’avoir un impact social. D’ailleurs, on sait désormais que les entreprises qui appliquent le capitalisme sauvage sont, à terme, les moins rentables. Alors les entreprises qui pratiquent le capitalisme social sont beaucoup plus profitables. Elles jouissent de meilleures perspectives d’avenir, puisqu’elles y contribuent…

Le capitalisme conscient s’articule selon 4 grands principes :

  • Un but qui va au-delà du profit.
  • Le souci des parties prenantes, au-delà des actionnaires seulement.
  • Un leadership conscient, authentique, et soucieux du capital humain comme de son milieu.
  • Une culture consciente, qui rallie les partenaires et collaborateurs.

À la différence de la fameuse notion de « responsabilité sociale d’entreprise » (RSE), qui est plutôt affaire de marketing et de relations publiques, le capitalisme social exige une refonte du modèle d’affaires. C’est à cette seule condition qu’une entreprise, une organisation ou un OBNL peuvent espérer avoir un véritable impact social. En adoptant la méthodologie agile des hackers, en progressant par hypothèses, par validation des données. Et surtout ne jamais oublier la fameuse maxime : vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage !

Rédacteur : François Grenier

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